Robert et Jean Cloutier
Chronologie
"L’œuvre des frères Cloutier occupe une place singulière dans la céramique française de la seconde moitié du vingtième siècle. Tout à la fois fascinante et déroutante, la production des jumeaux, s’appuyant sur une grande maîtrise des savoir-faire, acquise notamment chez Pol Chambost ou Georges Jouve, mêle depuis l’ouverture de leur atelier en 1955 nécessité intérieure, impertinence et humour.
Soutenus par une clientèle fidèle, sans cesse élargie, de collectionneurs et de professionnels, leur carrière s'est déroulée de façon quasi linéaire, échappant aux aléas de la mode comme aux mutations de leur discipline. Leur travail est à bien des égards atypique, où la maîtrise technique se conjugue avec bonheur à une inspiration souriante, voire drolatique, qui ne parvient pas toujours à dissiper un zeste d'inquiétude. Cette ambivalence régente une production abondante et d'une grande diversité, livrant d'humbles pièces d'usage courant ou relevant des arts de la table, des claustras et des carreaux émaillés. Mais le domaine dans lequel ils excellent est celui de la figuration zoomorphique ou anthropomorphique qui peuple les pièces les plus ambitieuses, où s'affirment le contraste de noir et d'un vermillon d'une densité exceptionnelle (le fameux « rouge Cloutier »), ou les divers émaillages extrêmement sophistiqués. Pour parvenir, à la fin de leur carrière conjointe, à d'admirables pièces sculptées dont les formes figuratives et organiques, parées d'un blanc laiteux ou d'un noir intense, sont lourdes de mystère et de questionnement. Véritables électrons libres de la céramique française, les frères Cloutier incarnent à leur façon l'optimisme ludique des Trente Glorieuses, avec un succès qui va bien au-delà de l'Hexagone, en particulier au Japon et aux États-Unis. Libres de toute attache scolastique, et peu soucieux de faire école, ils incarnent un moment de grâce des arts décoratifs."Patrick Favardin, Norma, Paris, 2014
Soutenus par une clientèle fidèle, sans cesse élargie, de collectionneurs et de professionnels, leur carrière s'est déroulée de façon quasi linéaire, échappant aux aléas de la mode comme aux mutations de leur discipline. Leur travail est à bien des égards atypique, où la maîtrise technique se conjugue avec bonheur à une inspiration souriante, voire drolatique, qui ne parvient pas toujours à dissiper un zeste d'inquiétude. Cette ambivalence régente une production abondante et d'une grande diversité, livrant d'humbles pièces d'usage courant ou relevant des arts de la table, des claustras et des carreaux émaillés. Mais le domaine dans lequel ils excellent est celui de la figuration zoomorphique ou anthropomorphique qui peuple les pièces les plus ambitieuses, où s'affirment le contraste de noir et d'un vermillon d'une densité exceptionnelle (le fameux « rouge Cloutier »), ou les divers émaillages extrêmement sophistiqués. Pour parvenir, à la fin de leur carrière conjointe, à d'admirables pièces sculptées dont les formes figuratives et organiques, parées d'un blanc laiteux ou d'un noir intense, sont lourdes de mystère et de questionnement. Véritables électrons libres de la céramique française, les frères Cloutier incarnent à leur façon l'optimisme ludique des Trente Glorieuses, avec un succès qui va bien au-delà de l'Hexagone, en particulier au Japon et aux États-Unis. Libres de toute attache scolastique, et peu soucieux de faire école, ils incarnent un moment de grâce des arts décoratifs."Patrick Favardin, Norma, Paris, 2014