Accolay (Poterie)

1954 - 1989

En octobre 1945, quatre passionnés d’art et de céramique, Louis Dangon (tourneur), Slavik Palais (sculpteur), Rodet (peintre), et André Boutaud (commercial), décident de transformer une ancienne usine désaffectée en atelier à Accolay, dans l’Yonne. Ces artistes sont tous les élèves du professeur Alexandre Kostanda et choisissent ce village pour son emplacement stratégique. La proximité d’un transformateur leur permet d’alimenter leurs fours électriques, et la localisation près d’une aire d’autoroute attire les touristes, faisant de l’atelier un lieu de transit important pour les vacanciers.

L’atelier d’Accolay voit son groupe s’agrandir au fil des années, restant actif de 1945 à 1992. Theodor Lotschine les rejoint, suivi par le tourneur Banachant en 1948, puis Daniel Auger en 1950. L’arrivée du peintre canadien Rafael Giarousso en 1952 apporte un renouveau significatif à Accolay. Le 25 décembre 1964, le groupe prend officiellement le nom de Créations et Exposition de Poteries d’Art Modernes (CEPAM). Malgré le départ progressif des membres, André Boutaud et Theodor Lotschine restent jusqu’en 1980.

Les pièces tournées à Accolay et cuites à Paris commencent modestement par la création de boutons de céramique, remarqués par Christian Dior pour la couture. La production d’Accolay se distingue par une grande diversité et une qualité exceptionnelle de l’émail. Inspirée par les céramistes parisiens et ceux de Vallauris, la production est marquée par une exagération des formes typique des années 1950. Les pièces, souvent utilitaires, se transforment en créations zoomorphiques ou anthropomorphiques avec des décors variés (incisés, scarifiés, estampés, peints).

Parmi les créations notables, André Boutaud produit de nombreuses pièces d’échecs, des vases et poteries à couverte bleu mat grattée, ainsi que des pièces en terre chamottée ou vernissée avec des décors ethniques inspirés des cultures inca et aztèque. Les masques en céramique et les recherches sur la rétractation de l’émail à la cuisson, créant un effet moucheté, sont également emblématiques de l’atelier d’Accolay.

L’invention du noir métallisé et la technique de sur-émaillage ajoutent une touche distinctive à leurs créations. Accolay propose une large gamme de pièces uniques ainsi qu’une production de masse à vocation artistique, marquant durablement l’histoire de la céramique française.

Ainsi, l’atelier d’Accolay reste un témoignage vibrant de la créativité et de l’innovation en céramique, ayant su attirer et inspirer de nombreux artistes au fil des décennies.