Michel MORTIER portrait

Michel Mortier

1925 - 2015

Doué, dès son plus jeune âge, pour la peinture, l’architecte Marcel Lods, ami de la famille, conseille au jeune Michel Mortier de se tourner vers les arts décoratifs. Il intègre, en 1940, l’école Supérieure des arts appliqués à l’industrie aujourd’hui, école Duperré, pour y suivre les cours de René Gabriel et Louis Sognot. Diplômé en 1944, il est aussitôt embauché par Etienne Henri Martin –son ancien professeur- qui dirige le Studium des magasins du Louvre où il dessine ses premiers meubles en série et parfait ses connaissances en aménagement d’intérieur avant de s’expatrier à Bruxelles au département du meuble du Bon Marché. De retour à Paris, repéré par l’un des maîtres de la reconstruction, il intègre de 1949 à 1953 le bureau d’études de Marcel Gascoin en tant que chef d’agence et aura sous sa responsabilité une bonne dizaine de jeunes décorateurs.  Citons, Pierre Paulin, Joseph-André Motte, Alain Richard, Antoine Philippon, Pierre Guariche, Geneviève Dangles… la plupart formeront ce que l’on appelle aujourd’hui la première génération de designers français. Michel Mortier se rapproche significativement de Motte et Guariche avec lesquels il partage une radicalité propice à l’innovation technique et l’invention de formes nouvelles. Dès 1951, ils réalisent ensemble des appareils d’éclairage pour le catalogue de l’agence Marcel Gascoin. Pierre Disderot, grâce à ses connaissances techniques mettra au point les premiers modèles.

Tous trois quittent l’agence de Gascoin pour fonder en 1954 l’A.R.P. (Atelier de Recherches Plastiques). Jusqu’en 1957,  cet atelier aura pour mission de proposer aux différents fabricants et éditeurs français des meubles de série et luminaires innovants. Cette expérience jette les bases de la modernité française des années 50. Le trio feront le succès des éditeurs avec qui il collabore ; Steiner et Airborne pour l’assise, Disderot pour le luminaire et Minvielle pour le mobilier. L’A.R.P invente pour Minvielle un mobilier modulaire multifonction qui connut un succès commercial considérable, ces éléments Minvielle marque la commercialisation du meuble en kit. Pour Steiner, ils imaginent la gamme de sièges « 640 » à partir d’une structure unique, ils proposent différentes variations d’accoudoirs et de piétements. Pour Disderot, ils exploitent  notamment le rotaflex, nouveau matériau plastique qui apparaît sur le marché  et dessinent la très géométrique lampe E16 où une sphère en rotaflex s’insère dans une cage de forme carrée en métal laqué. Leur bureau d’étude, installé 19 rue du faubourg Saint Antoine, présente quelques-uns des plus beaux stands du salon des Arts ménagers comme celui de 1955.  Ils reçoivent, par ailleurs, le premier et le deuxième prix du concours organisé par le centre technique du bois en 1955. Mais les projets personnels des trois protagonistes prenant de plus en plus d’importance, ils décident de mettre fin à l’aventure et se séparent.

Michel Mortier devient directeur artistique de 1957 à 1959 de la Maison Française 55, boutique située au 165, boulevard Haussmann. Il dessine quelques meubles qui seront édités en toute petite série et pratique du conseil auprès de clients sur l’aménagement d’espace. Il fonde sa première agence en 1959 Habitation-Esthétique Industrielle-Mobilier. Il poursuit sa collaboration avec Steiner en créant de nombreux modèles privilégiant tout particulièrement le bois comme en témoigne le fauteuil Teckel datée de 1963 aux accotoirs incurvés et à l’assise très basse qui inaugure nouvelle manière de s’asseoir -plus près du sol- devançant ainsi les années 70. Ou encore le fauteuil et son ottoman SF103 Triennale récompensé par une médaille d’or à la XIIe Triennale de Milan en 1960. Sa forme généreuse, qui s’inscrit dans la catégorie siège confortable, est inspirée à la fois de la faune terrestre et marine puisque elle semble symboliser aux yeux de certains la coque d’un tatou ou une queue de homard.

Au début de l’année 1964, il met entre parenthèse son agence, suite à la demande faite par son ex camarade, François Lamy, de s’associer en vue du chantier de l’exposition universelle de Montréal en 1967. Il s’envole pour le Canada et réalise les pavillons de la Jeunesse et du Design tout en s’initiant au graphisme. Il enseigne, par ailleurs, l’architecture d’intérieur au JM Blier Furniture & Design. Il s’agit là d’une des premières exportations du savoir-faire français en matière de mobilier et d’agencement hors des frontières européennes.

De retour à Paris, il observe la révolte de la jeunesse parisienne de Mai 68 et devient, pour une année, le directeur artistique pour le compte du Mobilier International. Il fonde ensuite un second bureau d’études « Michel Mortier » où il se consacre davantage à l’aménagement d’espaces très architecturés ; il réalise le restaurant et bar d’Air Maxim’s à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulles ou encore le bureau du président ainsi que la salle du conseil du siège social de la cristallerie Saint Louis à Paris. En outre, après avoir été agréé architecte par le conseil régional de l’ordre en 1977, il signe de belles maisons de particulier en France et au Portugal. Il collabore également avec la galerie fondée par Pierre Perrigault, Meubles et Fonction, et réalise du mobilier pour collectivités et met au point le programme MP 2 en 1976 en réalisant une série de chaises empilables et des fauteuils en bois multipli.

Michel Mortier commence très tôt à transmettre ses connaissances et expériences dans les meilleurs centres de formation comme l’ENSAD, Boulle, l’Ecole des Arts Appliqués avant d’intégrer la nouvelle école de design produit, l’ESAG Pennighen sous les conseils de de son ami René-Jean Caillette.

Très engagé dans la rédaction d’articles, il réalise de nombreux sujets dans des revues françaises comme étrangères, notamment pour Möbel Interior Design dont il est le correspondant français. Avec René-Jean Caillette, il est également le co-auteur d’un ouvrage pratique destiné aux ménagères de l’époque paru aux éditions Taillandier Soyez Décoratrice.

Chronologie

1925 / Naissance à Paris
1940-1944 / Ecole des Arts Appliqués à l’Industrie
1945 / Employé au bureau d’études du Bon Marché à Bruxelles
1949 / Premier Salon des Artistes Décorateurs
Chef du bureau d’études ARHEC / Marcel Gascoin jusqu’en 1954
1951 / IXe Triennale de Milan / Médaille d’Argent
1952 / Premier salon des Arts Ménagers
1954 / Membre de l’A.R.P jusqu’en 1957
Xe Triennale de Milan / Médaille d’or
1955 / Réalisation de la Maison Electrique / SAM
Concours Centre Technique du Bois/Premier et second Prix / ARP
1956 / Enseigne à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris
1957 / XIe Triennale de Milan / Médaille d’argent/ ARP
Ouverture de son agence d’architecture d’intérieure
Direction artistique de la Maison Française 55 / Bvd Haussmann
1958 / Grand Prix / Exposition Universelle de Bruxelles
1960 / XIIe Triennale de Milan
Enseigne à l’Institut des Arts appliqués / Paris
1963 / Prix René Gabriel
1964 / Départ pour Montréal pendant 4 ans
Directeur artistique /J.M. Blier Furniture & Design Inc /Montréal
1967 / Exposition Universelle/Montréal
Membre du CNAAC jusqu’en 1972
1968 / Concours Société Encouragement Art et Industrie/Médaille Or
1969 / Enseigne à l’ENSAD et Ecole Camondo
1972 / Gamme luminaires / Verre Lumière
Enseigne à l’ESAG Penninghen
1973 / Gamme mobilier / Meubles et Fonction
Architecture Intérieure / Restaurants Maxim’s/ Aéroports de Paris
1977 / Agrée en Architecture par le Conseil régional de l’Ordre
2015 / Décès de Michel Mortier.
Michel MORTIER portrait
Archive Mortier
Salon Teckel de Michel Mortier
Maison privée réalisée par Michel Mortier
MORTIER portrait
Michel Mortier 1961
Michel MORTIER portrait