Jacques Biny
1913 - 1976
Jacques Biny est né le 10 juillet 1913, à Valence dans la Drôme et est le fils d’un staffeur-ornemaniste. Il est vite attiré par la décoration et l’architecture et dessine, déjà, ses premiers appareils d’éclairage. Il intègre en 1932 l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris puis retourne dans sa ville natale après en être sorti diplômé en 1935.
Parallèlement à son activité de décorateur qu’il exerce dans le Sud de la France, il conçoit des modèles d’éclairage fabriqués par la société de staff Décoration Architecturale, comme pour le cinéma Palace, un de ses premiers projets.
En 1950, fermement décidé à concrétiser son projet professionnel, Jacques Biny décide de s’installer à Paris et de se consacrer exclusivement aux luminaires. Il se rapproche de la société Omnialux pour la fabrication de ses premiers modèles, qu’il exposera à la Foire de Paris sous le nom l’éclairage Luminalite. Ses plafonniers et appliques reprennent le langage stylistique du luminaire des années 1930, en employant autant le verre que le laiton.
L’année suivante le créateur s’installe au 31, rue de Mogador dans le 9e arrondissement de la capitale et confie la fabrication aux établissements Kobis et Lorence qui présenteront ses modèles lors de la première exposition «Luminalite». Apparaissent, alors, les premiers réflecteurs perforés ainsi que certains détails et éléments décoratifs pouvant faire appel au langage des années 1940, comme le gainage de cuir ou la perforation de l’abat-jour.
Dès lors, Jacques Biny se consacre à la recherche de formes nouvelles au service d’un usage précis et se distingue pour sa création d’appareils à double effet de diffusion et de réfraction.
Entre 1951 et 1952, il fait appel à un jeune designer industriel, Michel Buffet, qui produit certains des plus beaux modèles de la maison d’édition venant consolider la réputation du nouveau fabricant. L’applique B206 reste l’une des plus belles appliques des années 1950 en France.
En 1953, Jacques Biny décide de fonder sa propre société ; Luminalite SARL située au 38/40 rue de la Folie Regnault dans le 11e arrondissement. La superficie de cet espace permet de répondre à des commandes destinées au milieu hospitalier. Jacques Biny dans sa nouvelle fonction d’éditeur participe la même année au salon des Arts Ménagers en tant que designer, présentant à la fois, la gamme dessinée par Michel Buffet (appliques B205 et B206, lampes B210 et B202) et certaines de ses créations personnelles comme la suspension 152.
En 1954, il dessine l’applique 193 qui sera réalisée en 660 exemplaires pour équiper les 450 chambres de la cité universitaire d’Antony.
Pour la création de ses appareils d’éclairage, Biny est avant tout guidé par la fonction utilitaire. La forme et la composition de l’appareil sont secondaires et dépendent de l’optimisation de la lumière, sa principale préoccupation.
En 1956, il dessine l’applique 212 et la lampe 231, composées de six lamelles de métal laqué superposées et inclinées, le tout dans un simple coffrage en métal soutenu par une tige d’acier. Ce même dispositif est utilisé sous forme d’applique qui dirige les rayons vers le livre, laissant le reste dans l’ombre.
En 1957 Gustave Gautier s’associe avec Luminalite pour la création d’une gamme de luminaires exploitant les possibilités du Perspex, un matériau qu’il intègre dans la scénographie de son stand pour le Salon des arts ménagers.
L’année suivante, Jean Boris Lacroix collabore avec le fabriquant pour la création d’une lampe de bureau en laiton et abat-jour en papier de couleur présenté au Salon des arts Mménagers. Dès lors, Jacques Biny se lance dans la recherche de possibilités offertes par le plexiglas en collaboration avec Gustave Gautier. En 1959, Gustave Gautier présente une nouvelle collection conçue autour d’une pièce en métal semi cylindrique fendue par des lignes horizontales aléatoires permettant le scintillement du luminaire. La partie ajourée est obturée par une plaque de plexiglas blanc. Il édite avec le concours de Claude Fournel, des cubes lumineux de deux dimensions en plexiglas de couleur, enchâssé les uns les autres par un système breveté. Démontable en quelques minutes, le modèle offre au client la possibilité de monter sa lampe soi-même. C’est l’avènement du luminaire en kit.
Dès 1964, Jacques Biny s’attaque au marché des collectivités et offre un nouveau souffle à son atelier. À la fin des années 1960, c’est un modèle de Louis Baillon, le lampadaire 340 avec un système d’abat-jour « monte et baisse » qui sera sélectionné par Formes Utiles qui distingue une nouvelle fois le rôle joué par Luminalite dans la promotion du luminaire en France.
Jacques Biny décède en 1976 et laisse l’atelier Luminalite orphelin d’un homme qui se distingue aussi bien pour sa capacité à réunir des talents comme Michel Buffet ou Jean Boris Lacroix que dans sa maîtrise technique et sa vision d’entrepreneur. Ses multiples compétences ont permis au créateur/ éditeur d’imposer sa marque comme l’une des trois plus grandes maisons d’édition d’appareils d’éclairage en France durant la période des Trente Glorieuses.
Chronologie
1935 / Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris. Il retourne dans sa ville natale pour exercer son activité.
1950 / S’installe à Paris et se consacre à la création de luminaires
1951 / Installe son atelier au 31, rue Mogador dans le 9e arrondissement de Paris
1951-1952 / Fait appel à Michel Buffet pour dessiner des luminaires.
1953 / Création de sa maison d’édition Luminalite au 38/40 rue de la Folie Regnault dans le 11e arrondissement de Paris
Participe au Salon des arts ménagers en tant qu'éditeur. Présente des luminaires de Michel Buffet et de lui-même
1954 / Dessine l’applique 193 qui équipera les 450 chambres de la cité universitaire d’Antony
1957 / Gustave Gautier s’associe avec Luminalite pour la création d’une gamme de luminaires
sélectionnés à la Triennale de Milan
1958 / Début de la collaboration entre Jean Boris Lacroix et Luminalite
Participation au Salon des Arts Ménagers
Luminalite emploie une dizaine de collaborateurs
1959 / Gustave Gautier présente une nouvelle collection pour Luminalite.
1964 / Luminalite se tourne vers le marché des collectivités.
1971 / Premier Prix concours EDF à Equip’Hôtel pour l’éclairage de la chambre d’hôtel
1976 / Décès de Jacques Biny