Michel Mortier
Hommage
03/06/2016 - 16/07/2017
Ce designer et architecte, précoce et surdoué nous a quitté le 22 mai 2015. Un an plus tard, la galerie Pascal Cuisinier lui rendait hommage en organisant une exposition rétrospective.
Michel Mortier, s’il est peu connu du grand public, n’en est pas moins un des meilleurs créateurs français de l’après guerre. Très précoce, il sera diplômé de l’école des Arts Appliqués à 19 ans. Il enchainera en suite les postes à responsabilité au studium du Louvre puis au bon marché à Bruxelles et prendra, à 24 ans, la direction de l’ARHEC de Marcel Gascoin jusqu’en 1954. Il y rencontre Pierre Guariche et Joseph André Motte avec qui il fonde l’Atelier de Recherche Plastique (A.R.P.), une des premières expériences de signa-ture collective dans le design en France.
Ce ne sont que les débuts d’une carrière fulgurante qui le verra directeur artistique de la Maison Française 55, créateur de modèles pour les meilleurs éditeurs français (les sièges de Steiner, les luminaires de Dis-derot, le mobilier de Meubles et Fonction…), rédacteur pour de nombreuses revues, graphiste, et surtout enseignant dans la presque totalité des grandes écoles françaises (L’ENSAD, Camondo, l’école des Arts Appliqués et enfin la nouvelle école de design produit ; L’ESAG Penninghen) ainsi qu’à Montréal.
Avec son agence HEIM (Habitation, Esthétique Industrielle Mobilier) il se consacrera à l’architecture inté-rieure puis obtiendra le titre d’architecte en 1977 pour concevoir de très belles maisons de particuliers au style moderne et dépouillé.
Cet homme discret mais sans concession obtiendra tous les titres dont un designer peut réver : médaille d’argent à la triennale de Milan à 26 ans, médaille d’or à 29 et prix le René Gabriel à 38 ans.
La galerie Pascal Cuisinier, qui défend son travail depuis dix ans en même temps que celui de Pierre Guariche, Pierre Paulin ou Joseph André Motte, lui rend ainsi hommage en présentant une vingtaine de ses pièces les plus emblématiques et les plus rares. Parmi lesquels un ensemble de sièges Teckel, son fauteuil le plus connu et édité par Steiner, mais aussi un exemplaire d’un fauteuil Triennale, le plus rare ! Était également présenté un ensemble exceptionnel et très représentatif de ses luminaires édités par Disderot dans les années 50 ou par Verre Lumières dans les années 70. Sans oublier son travail avec l’A.R.P. ou quelques sièges très rares du tout début des années 50.
L’exposition présentée par galerie Pascal Cuisinier entend relater la carrière de Michel Mortier dans sa création de modèles de série, mais pas uniquement. La collaboration avec la famille et avec le Musée national d’Art moderne de Saint-Etienne Métropole a permis de réunir un ensemble de documents issus des archives personnelles du designer pour mettre également en valeur ses talents d’architecte et d’architecte d’intérieur. Un ensemble inédit de plans, de dessins, d’images personnelles ou de publications mais aussi de peintures réalisées au début de sa retraite permettent d’envisager l’ensemble des talents de cet homme aux multiples facettes. Ainsi, les murs de la galerie, habituellement vides et habités des seuls luminaires français des années 50’ que présente Pascal Cuisinier, étaient exceptionnellement en partie recouverts de documents photographiques, de plans aimablement prêtés par le musée de Saint Etienne, ou de grandes peintures où Michel Mortier poursuit ses recherches de rigueur du dessin, de sobriété, d’économie de moyens. Il s’est en effet adonné à la fin de sa vie à sa première passion, la peinture. Le public pouvait découvrir un ensemble de paysages stylisés jusqu’à l’abstraction, toujours du même format 50 x 100cm aux gammes colorées subtiles.
Outre les premiers plans de ses fauteuils mythiques tels que le Teckel ou le Triennale, du courant au plus rare, les images de ses propres appartements, celles de la célèbre maison d’Esbly pour les parents de Bernard Henry Levy, était présentée une collection de pièces représentatives de sa production éditée, à l’exception de celle pour l’A.R.P. que la galerie a présenté en 2017. Notamment les luminaires pour Disderot du début des années 50’, ceux pour Verre Lumière des années 70’, les sièges pour Steiner et quelques pièces inédites comme un bureau en chêne rarissime de 1949 ou sa très belle table basse lumineuse elliptique de 1957.