100 sièges français 1951-1961

06/09/2014 - 06/10/2014

Pour cette exposition exceptionnelle la galerie Pascal Cuisinier investissait un nouvel espace au coeur du Marais dans la Galerie d’Actualités de Jean-Michel Wilmotte. Plus de 60 modèles différents, tous entierement restaurés dans les tissus contemporains, étaient présentés à cette occasion. Une quanzaine de pièces extrêmement rares seront montrés pour la première fois au public français.

L’exposition «Premier Design Français Episode 4 : Le siège» est avant tout une exposition pédagogique – les modèles sont présentés selon les grandes catégories : chaises, fauteuils, canapés et annotés en fonction de l’intérêt qu’ils représentent.
Une place à part est attribuée à la Série 640 créée par l’ARP en 1954. Il s’agit d’un système modulaire décliné en de très nombreuses variantes que la galerie collectionne depuis plusieurs années.

En parallèle à cela, la galerie de la rue de Seine faisait un écho à l’exposition avec une présentation de pièces supplémentaires, voire de pièces uniques.


FOCUS SUR LES INNOVATIONS PRESENTEES


Le ressort plat

C’est sans doute avec la Banquette 195 que les designers André Monpoix et Alain Richard uti-lisent pour la première fois la grande innovation de l’époque – le ressort plat. La spirale utilisée autrefois à la verticale avec un rembourrage en crin, des sangles et le tissu donnaient une épais-seur considérable à tout siège. Quelle différence notable apporte ce ressort aujourd’hui classique en fil d’acier trempé ! En effet son utilisation ne requiert plus qu’un simple coussin d’assise en mousse pour le confort de l’utilisateur. La banquette gagne en finesse sans pour autant perdre en confort.

De point de vue de fabrication industrielle, on assiste également à une grande simplification, car le ressort plat requiert moins d’intervention technique et économise considérablement le temps de fabrication.

La Banquette 195 de Monpoix et Richard est également très intéressante d’un point de vue d’ergonomie. En effet, les années 50 voient l’apparition de cette notion très détaillé dans la presse, comme par exemple les articles que Jean-René Caillette écrivait pour la revue Arts Ménagers. Cette banquette est un exemple d’application de ces recherches : extrêmement bien proportionnée, toute en finesse avec le dossier et l’assise et du bien symétriques, assez basse mais avec une inclinaison en arrière bien étudiée pour le confort maximale, cette banquette est une quintessence d’élégance et de modernité.


Le canapé convertible

Les années 50 annoncent la naissance du canapé contemporain tel que nous le connaissons aujourd’hui : une forme rectangulaire très simple avec des accoudoirs ou pas, une assise et un dossier quasi identiques avec de gros et larges coussins.
Au sortie de la guerre, l’espace d’habitation se restreint, les pièces des appartements deviennent multifonctionnelles où le salon et salle à manger se regroupent et peuvent devenir des chambres d’appoint. C’est dans ce contexte qu’apparaissent de multiples solutions de meuble modulable, c’est là que naît le célèbre convertible qui obtient un énorme succès auprès du grand public des années plus tard.
La banquette AR d’Abraham et Rol est un exemple éclatant et très réussi de cette recherche. Le canapé très sobre et élégant, se transforme en lit double par un simple mouvement d’ouverture où le dossier devient le piètement.


Le tube métallique

Dans les années 50 le piètement en tube métallique, très largement répandu dans le mobilier industriel, entre dans les espaces privés et les salons bourgeois. Les designers s’en emparent pour les raisons de facilité de production industrielle, donc du coût, mais également pour son aspect esthétique sobre, fin et moderne.

Le fauteuil A7 ou Corb, dessiné en 1953 par l’ARP, se compose de piètement métallique en trai-neau et de cadre en bois carré sur lequel est tendu le tissu.

Le fauteuil G1 de Pierre Guariche, lui aussi utilise le tube métallique comme structure de base sur laquelle il va suspendre le cuir ou le tissu qui formera l’assise.

Le fauteuil Saturne de Genviève Dangles est d’une modernité incroyable pour son époque. Complétement abstrait de par sa forme géometrique, il est pourtant fonctionnel et comfortable. La structure du cercle moulée en poudre de bois et matière synthétique repose sur le piètement en tube métallique grâce auquel le fauteuil semble suspendu dans l’air.


La mousse latex

Les nouvelles recherches chimiques et techniques dans l’après-guerre permettent au début des années 50 de lancer sur le marché grand public des différentes mousses de latex, pérforés ou en plaques, moulés ou découpés, qui vont revolutionner les formes du sièges contemporain.
Les jeunes créateurs de cette époque vont pouvoir donner libre cours à leur imagination for-melles mais surtout répondre à une demande de confort toujours plus importante.
Le latex est à la fois facile d’utilisation et avec de différentes duretés possibles, il peut alors être utilisée en dossier ou assise, sur le siège, coussin ou fauteuil et répondre à tous les besoins du siège actuel.

Le contreplaqué

On connait surtout le contreplaqué américain, mais on ne doute pas que les designers français ce sont emparés de cette technique à la même période pour créer de vrais bijoux du design ergo-nomique.

La chaise Diamant, de René-Jean Caillette est un exemple sublime de siège organique. La lé-gende dit que le designer l’avait conçu à partir d’un pliage d’un ticket de métro. Cette chaise sou-tient avec ses plis de façon étonnante le corps de la personne assise. La chaise Diamant n’est pas seulement une belle chaise conçue comme un origami mais une chaise très confortable. Elle a d’aileurs reçu le Grand Prix de Pavillon Français à l’exposition Universelle de Bruxelles en 1958.

Quant à la chaise Papyrus de Pierre Guariche, il s’agit de la première chaise française en bois conçue d’une seule pièce. Le contreplaqué à l’origine était tellement fin, par souci d’esthetisme, que malheureusement il se cassait systèmatiquement. Ce qui a conduit Pierre Guariche à repen-ser le pliage de la forme avec un cône plié et coupé au niveau de l’assise. Cette forme bien plus résistante a donné naissance à la chaise Tonneau, puis Tulipe, puis Amsterdam qui a reçu un immense succès auprès du grand public.


Le Mobilier Modulable

Très repandus à l’époque sont les meubles à double fonction : canapé-lit, table basse-siège, table basse-table haute, table lumineuse, mobilier-porte plantes etc.

Très remarquable de ce point de vu est la Banquette 118 de Pierre Paulin. Conçue comme un petit canapé avec une table basse intégrée, elle devient un lit d’appoint lorsque l’on pose les coussins de dossier sur la table basse. Son style japonisant, l’élégance de son dessin, et sa qualité de réalisation s’intègre parfaitement dans la gamme de son premier éditeur « Meubles T.V. » au cotés des pièces de Pierre Guariche, Alain Richard ou André Monpoix.

La version en piètement métallique laqué noir était surement trop moderne à l’époque et elle ne s’est pas vendue ; elle est aujourd’hui l’une des plus belles et surement la plus rare de l’époque !

Les années 50 voient l’apparition des systèmes de meubles modulaires, où la structure de base se décline en plusieurs variantes. Comme par exemple, la série 640 dessinée par l’ARP en 1956.7

La chauffeuse en tube carré se décline en plusieures versions avec les accoudoirs métalliques rembourrés, accoudoirs en bois ou garnis en mousse, pieds en bois ou pieds en métal ; elle s’uti-lise à l’unité pour un fauteuil ou s’assemble pour former une banquette.

Le rembourrage est fait en mousse, le coussin est amovible et déhoussable, le dossier se fait en deux hauteurs; bref, une vraie modernité !

La galerie Pascal Cuisinier collectionne depuis huit ans toutes les variantes de ce système 640. Lors de l’exposition tous les modèles seront présentés en un mise en scène unique.