Design Elysées 2011

Deux intérieurs d'avant-garde 1954/1958

19/10/2011 - 24/10/2011

La notion de style 50’ dont on dit qu’il est aujourd’hui à la mode
est très ambiguë car on ne sait pas bien ce qu’elle recouvre, souvent assimilé à quelques clichés. Alors que le musée des arts décoratifs montrait en 2010 dans son exposition « Mobi boom », combien ces préjugés étaient infondés et à quel point la grande tradition des arts décoratifs français avait su prendre le tournant du design grâce à ses meilleurs représentants,
en particuliers les plus jeunes depuis le tout début des années 50’.
Même si la production n’était pas industrielle et produite en petites séries,
les créateurs ont inventé des solutions et des formes qui ont influencé
l’ensemble de la production de la deuxième partie du vingtième siècle.
Ces pièces de siège, de mobilier ou de luminaires sont sophistiquées dans leurs proportions et simples dans leurs formes, parfois presque minimalistes, fonctionnelles et de très belle qualité de finitions, elles sont innovantes et radicales au point de rivaliser et parfois de devancer les meilleures créations internationales.
Cette exposition a démontré que, même s’il est rare et peu connu, le design français existe dès les années 1950 et 1960, il est sobre et fonctionnel, élégant et minimal, innovant et toujours d’actualité.

Un an après cette exposition, la galerie Pascal Cuisinier montrerait lors du salon Design Elysées une collection de pièces en reprenant les grandes lignes pour sa partie consacrée aux années cinquante.

La galerie présentait donc en parallèle deux ensembles de meubles, sièges et luminaires représentatifs du design français au début et à la fin des années 50’. Les pièces sélectionnées correspondent ce qui se faisait
de plus avant-gardiste à cette période, autrement dit celles dont les dates de première publication correspondent à 1954 et 1958.

Ces dates correspondent d’une part au début et à la fin de l’Atelier de Recherches Plastiques (A.R.P.) , à la prise en main de la direction artistique de l’éditeur français « Meubles TV » par Alain Richard et André Monpoix – avec l’édition de la célèbre salle à manger exposée au cinquième étage du Musée des Arts décoratifs pour l’un et la chambre à coucher pour l’autre -. En 1954 Pierre Guariche qui fut le grand designer de luminaires en France de cette époque a terminé la plus grande partie de ses pièces,
les dernières sortiront en 1958. Cette même année, René Jean Caillette présente sa nouvelle salle à manger avec sa célèbre chaise « diamant » à l’exposition universelle de Bruxelles et Alain Richard propose pour la première fois en France une gamme complète de luminaires en inox à ampoules apparentes…

En moins de cinq ans se mettent en place, dans les nouveaux modèles de série, deux styles très différents :


En 1954 ces nouveaux meubles sont plutôt en bois clair avec des piétements en tubes ronds
et des poignées laquées en noir. Les sièges utilisent les premiers contreplaqués thermoformés moulés, les premières mousses de latex, les premiers piètements métalliques ronds et noir,
les tissus apportent des touches de couleurs vives qui animent l’espace de l’appartement.
Les premiers luminaires mobiles apparaissent, ceux de Guariche bien sûr,
mais aussi au même moment ceux de Robert Mathieu, moins connu mais tout aussi créatif.
Ils sont constitués de tiges de laiton doré ou poli verni de rotules, d’abat jours de forme diabolo ou de réflecteurs en tôle laquées en couleur. Les sources d’éclairage sont démultipliées
en fonction de leur usage. La lumière réfléchie ou indirecte est privilégiée et très travaillée
en fonction des nouvelles recherches scientifiques qui donnent lieu de nombreux articles
dans les revues de décoration. La source lumineuse est toujours inaccessible à l’œil.

En 1958, si les créateurs sont les mêmes, les proportions toujours très étudiées et la fonctionnalité toujours respectée, l’esthétique est bouleversée : Les formes sont plus radicales, presque minimalistes et très rigoureuses. Les piètements carrés font leur apparition ainsi que les finitions chromées qui seront définitivement adoptées dans les années 60 et 70. Les bois sont plus souvent foncés, exotiques et des plus précieux comme le palissandre de Rio. Les sièges adoptent aussi les formes carrées dont le soutien garantit le confort et la ligne une esthétique très pure. Les luminaires, eux, essayent les premières peintures métallisées, l’inox, le chrome et les réflecteurs en plexiglas, toute la gamme du langage des années 60 et 70. Ceux d’Alain Richard, les premiers spots français, sont remarquables par l’intelligence de leur conception et la radiale modernité de leur esthétique qui fut reprise presque jusqu’à aujourd’hui !

Design Elysees - deux interieurs francais d avant garde 1954 - 1958