Antoine Philippon & Jacqueline Lecoq

Antoine Philippon (1930-1995) 
Jacqueline Lecoq (1932-)

Issu d’une famille de marchands de meubles du faubourg Saint-Antoine, passionné de musique, Antoine Philippon n’est pas destiné à embrasser la carrière de décorateur. Pour des raisons personnelles, il s’y résout et intègre l’école Boulle section tapisserie dont il sort diplômé en 1950. Dès 1952, sur les conseils de son ancien professeur Louis Sognot, il devient collaborateur au bureau d’études de Marcel Gascoin où il côtoie Pierre Guariche, Michel Mortier, Joseph-André Motte et surtout Jacqueline Lecoq entrée pour un stage de 6 mois.

Jacqueline Lecoq, originaire d’Orléans, intègre l’École des beaux-arts de la ville tout en effectuant un stage au sein d’un cabinet d’architecte. Puis, désormais établie à Paris, entre à l’ENSAD – École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs – dont elle sort diplômée section architecture en 1954. Elle fera une rencontre décisive en la personne d’Antoine Philippon chez Marcel Gascoin.

Duo inséparable sur les plans professionnel et personnel jusqu’au décès d’Antoine Philippon en 1995, le couple ouvrent leur propre bureau d’études au cœur du faubourg Saint-Antoine en 1955 dans l’atelier de l’ébéniste Mouraux leur premier éditeur, qui n’est autre que le grand-père de Philippon.

Dès 1956, grâce à Marcel Gascoin, le duo expose au Salon des artistes décorateurs. D’une sobriété absolue, les lignes des meubles présentés témoignent d’une pureté radicale. Le visiteur admire notamment un bahut en orme avec une façade laquée gris et un piétement en métal laqué blanc. Remportant un grand succès, les prototypes présentés seront édités par les établissements Jules Degorre. Philippon et Lecoq participeront à de nombreuses reprises au SAD comme au Salon des arts ménagers.

Le couple s’exporte l’année suivante à l’étranger pour la qualité de l’équipement industriel d’après-guerre mais aussi pour le respect du statut de designer. En Allemagne, il réalise l’aménagement de l’appartement-témoin conçu par Pierre Vago  pour un quartier d’habitations à Berlin qui s’inscrit dans le vaste projet d’urbanisme Interbau. Cette commande marque le début d’une longue et riche collaboration avec l’Allemagne dont le témoignage le plus marquant est le succès du modèle de cuisine « Triennale ». Dans un premier temps présentée au SAD 1959 dans le cadre du concours organisée par la firme Formica, cette cuisine suspendue ne sera fabriquée qu’en sur-mesure par Negroni. Exposée à la Triennale de Milan en 1960, elle obtient la médaille d’argent de l’esthétique industriel et suscite le vif intérêt de l’éditeur allemand WK basé à Stuttgart. Il lance une production en série dont les éléments sont fabriqués par Osta dans une usine berlinoise. Leur mobilier fait référence à celui de Donald Judd, et notamment leur gamme développée pour l’éditeur allemand Bofinger en 1958 avec des meubles d’appui aux façades en stratifié blanc.

Suffisamment exceptionnel pour être souligné, le couple Philippon Lecoq est  l’un des rares créateurs de cette nouvelle génération de designers français à pleinement avoir su profiter d’une ouverture à l’internationale.

Le talent du duo est également reconnu en France ; ils sont appelés à réaliser la chambre d’adolescent de la « Maison de médecin » dirigés par Renou et Genisset pour le pavillon français de l’exposition universelle de Bruxelles en 1958. Le couple se distingue par son usage de plusieurs matériaux innovants tels que le stratifié post-formé et la lame d’acier obtenue par laminage.

Ils remportent également, en 1959 le premier prix du concours lancé par la société Formica avec leur « Meuble TV, tourne-disque et bar » en stratifié post-formé présenté dans le cadre du Salon des artistes décorateurs.  Puis en 1960, celui organisé par Saint-Gobain dans le cadre du Salon des arts ménagers, avec leur bureau en verre qui remporte le second prix. Le Mobilier National leur demandera de concevoir une gamme de bureau sur le même principe préfigurant une collaboration longue de 12 années. Antoine Philippon et Jacqueline Lecoq reçoivent le prix René Gabriel en 1961. Parmi leurs plus belles créations : la chaise P60, éditée en 1960 par Airborne, qui est une des plus élégantes et des plus vendues des années 1960 et qui fait la renommée du couple.

Antoine Philippon et Jacqueline Lecoq se consacrent également à l’aménagement d’intérieurs de particuliers, tout comme à des chantiers plus importants, tels que la Maison de la Radio – en concevant le circuit des visiteurs – et s’investissent dans leur ville d’adoption, à Saint-Germain-en-Laye, où ils aménagent le musée départemental Maurice Denis.

Enfin, ils s’adonnent à l’enseignement au sein de l’ENSAD, et à l’ESAG Penninghen – École Supérieure des Arts Graphiques.