Design Miami/Basel 2016

Pour l’édition 2016 de Design Miami Basel, la galerie Pascal Cuisinier présentait le second volet de son exposition “French collection 1950”, dont la première partie consacrée aux années 1950 à 1955 avait été montrée en décembre 2014 à Design Miami.

Les années 50’ constituent pour laFrance une de ses périodes fastes si cen’est une forme d’apogée, en particulier dans les domaines de la création. Le dynamisme économique de l’après guerrenourri une énergie de l’innovation danstous les domaines. C’est l’époque deCamus et Sartre, de Simone de Beauvoirou Marguerite Duras, de Christian Dioret d’Yves Saint Laurent, d’Edith Piaf,Brassens et de Barbara, de Brigitte Bardot et d’Alain Delon. Ce sont les débuts deGodard et Truffaut, et la période de gloire de Picasso, Dali et de Giacometti. Bref la France est à son apogée de la création sur la scène internationale.

C’est dans ce contexte d’émulationartistique que voit le jour à Paris unegénération de décorateurs à peine sortie de l’école et qui ont les dents longues… Solange Gorse, alors rédactrice en chef de« La Maison Francaise » les surnommera « les jeunes loups » et leur fera un grand succès. Ils inventeront une nouvelle formepour les arts décoratifs : le design (même si ils ne l’appelaient pas comme cela à l’époque). Ils n’étaient pas designers mais « créateurs de modèles pour la série » cequi en est la meilleure définition.

Cette génération baigne dans cette énergie créatrice et va produire de nouvelles formes pour de nouvelles techniques de fabrication et inventer les meubles, les luminaires et les sièges de la vie moderne. Toute la deuxième partie du vingtième siècle s’inspirera de leurs innovations, deleurs formes et de l’intelligence de leurs pièces.

C’est cette jeune énergie créatrice quesouhaite présenter la galerie dans cette exposition. Si le design de la première partie des années 50’ était plutôt constitué de tube ronds laqués noirs, de bois clairs et d’assemblage simple sur un mode encore très traditionnel; celui de la deuxième partiede cette décennie est bien différent. Lescréateurs restent certes les mêmes, ainsi que leurs principes (formes minimalisteset raffinées, justesse des proportions, recherche de l’épure) Mais il réinventent unchic et une élégance toute française. Loin d’une préciosité maniérée, l’architecture de leurs meubles, de leurs sièges, de leurs luminaires a puisé dans leur connaissance de la tradition et dans leur goût de la

modernité une richesse, une sobriété, desqualités de proportion à la fois très nouvelleet intemporelle. Ils ont réintroduit les bois nobles et précieux de l’art déco, le chrome de la période moderniste et les proportions parfaites de la grande tradition classique française pour les adapter la modernité de leur époque : les débuts de la productionen série. En voulant produire le meilleur pourleplusgrandnombre,ilsontinventé le design en France.

Ce style chic et élégant préfigure trèsfortement ce que la grande décorationfrançaise deviendra dans les années 1960.

La galerie souhaite, à travers cette exposition « French collection 1955-60 », conseiller aux collectionneurs de Design Miami Basel quelques créations françaises les plus belles, emblématiques et rares que le marché international commence seulement à découvrir.

Parmi ces créations exceptionnelles, la galerie montrera une paire de meubles d’appui extrêmement minimalistes, dessinés par Antoine Philippon et Jacqueline Lecoq et édités en 1958, qui font inévitablement penser aux œuvresd e Donald Judd de la même période. Ils proviennent d’un appartement meublé par les créateurs eux-mêmes. Ce sera aussi l’un des plus beaux meubles d’Alain Richard dans une version inédite qui provient d’une des plus belles collections du monde. La galerie présentera bien sur, aussi, des sièges remarquables ainsi qu’une exceptionnelle collection de luminaires dont la très rare lampe J13 de Joseph André Motte (seulement 5 modèles identifiés à ce jour), une paire de table basse lumineuse G35 en opaline d’époque de l’ARP (Atelier de Recherche Plastique: collectif de designer réunissant Pierre Guariche, Joseph André Motte et Michel Mortier de 1954 à 1957), ou bien encore la rarissime lampe G60 de Pierre Guariche.

La galerie présentait cette collection dans un espace stylisé reprenant certains codes d’un intérieur luxueux de cette époque: Bois foncé, verre, métal, tapis épais, de grands volumes ainsi qu’un éclairage sophistiqué.