Premier Design Français, Episode #3
Le Blanc
03/04/2012 - 28/04/2012
White is more !
À la galerie Pascal Cuisinier, un troisième volet dePremier Design français, Épisode # 3 :Le Blanc, placé sous le signe de l’élégance et de la rareté.
Après la présentation en 2011 de PremierDesign Français, Épisode # 1 Le bureau,et de l’exposition inaugurale, début 2012,Premier Design français, Épisode # 2 La Jeune Génération 50’, dans son nouveau lieu situé rue de Seine à Paris, la galerie Pascal Cuisinier consacre son troisième accrochage au design blanc.
Choisir de montrer le blanc des années 50/60, au travers du prisme de certains matériaux, entre autre le plexiglas, le contreplaqué, le stratifié et le skaï …n’est pas forcément jouer sur du velours…Car aujourd’hui, saurait-on dire combien d’exemplaires furent créés en blanc ? Peu, très peu, vraiment très peu …
Si le meuble et le luminaire blancs sont vus à tort ou à raison comme de vraies déclinaisons ou de simples variantes àde ceux de couleur noire (réponses au tube en métal laqué noir par un tube d’acier chroméblanc), ceux-ci peuvent être considérés comme d’autres prouesses formelles, d’autres réussites techniques voire des audaces. La génération des créateurs des années 50/60 montre une volonté et une aptitude remarquables pour l’expérimentation des formes et des matériaux. Le blanc, attaché à des ambiances dépouillées et à des intérieurs épurés reste la prédilection des designers minimalistes.
La galerie Pascal Cuisinier ouvre le bal, au Pavillon des arts et du design cru 2012, avec une série de variations sur le design blanc et signe une mise en scène toute en noir. Une trentaine de pièces majeures, toutes créées entre 1951 et 1962, sont installées à l’intérieur de cet écrin aux parois mates, certaines sises sur un podium verni noir au pouvoir réfléchissant. Et, pour tous ceux qui en auraient raté la scénographie, la galerie reprend le même concept, rue de Seine durant tout le mois d’avril.
Tel un inventaire, voici quelques fleurons de la modernité mis sous les feux de la rampe. La lampe à poser J13de Joseph-André Motte, éditée par l’un des plus grand spécialiste des appareils d’éclairage, Pierre Disderot, qui s’est adjoint la jeune garde des créateurs français les plus brillants de leur génération (Motte, Richard, Monpoix, Guariche, Paulin..). En opaline et en métal laqué, la lampe qui a une petite poignée pour qu’on puisse la déplacer, se joue de son air japonisant tout en dessinant dans l’espace un volume dont le tracé n’est qu’une ligne épurée. Les élégants, délicats et rarissimes chandeliers sur pieds modèle 129 de Pierre Paulin (dans cette gamme de luminaires, il existe des versions à poser et suspendus) en fer formé et laqué blanc (1957, édition Disderot) n’attendent qu’une bonne soixantaine debougies pour révéler la lumière !
La table basse lumineuse de Joseph-André Motte, éditée par Charron en 1959, en opaline, palissandre et bois laqué, confronte le blanc avec pertinence : à la transparence blanche laiteuse de l’opaline répond la luminosité blanche du bois laqué. La chaise Diamantde Jean-René Caillette, éditée par Steiner en 1957, outre le dossier et l’assise façonnés comme des diamants, se révèle être une véritable ingéniosité formelle et technique ! Le contreplaqué thermoformé moulé et laqué blanc y est traité comme un origami ! C’est peut-être parce que la couleur blanche est symbole de clarté, de pureté et de purification des constructions, que le couple Antoine Philippon et Jacqueline Lecoq la choisirent pour la conception de la paire de meubles édités par Erwin Behr. Cet éditeur allemand fut réputé pour avoir été à la pointe du progrès, lorsque pendant la guerre, il eut l’idée de réaliser du contreplaqué moulé pour remplacer le métal ! Ici, le blanc fondamental des façades plates des meubles d’appui édités en 1960, renvoie à la blancheur du mur.
De cette liste non exhaustive, on citera le canapé ARdu couple Janine Abraham et Dirk Jan Rol, édité les Huchers-Minvielle en 1962, dont le revêtement offre deux véritables effet-matière et lumière-blanc : ni textile, ni tissu, ni cuir, mais en skaï, la matière moderne de l’époque. Le matériau mise ici sur la légèreté et la souplesse dues aux vertus tactiles du skaï Rubelli.Dirait-on du blanc qu’il est une couleur moderne ? Il a tout simplement une place prépondérante dans les questionnements artistiques. De nombreux créateurs l’ont exploré et continuent le l’interroger avec pertinence en même temps qu’ils utilisent la lumière, et bien au-delà de sa symbolique !
Laurence Bartoletti